Créé par décret du 09 mai 1990, Tracfin – pour Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins – est un organisme rattaché au ministère de l’Economie et des Finances. Chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, Tracfin reçoit chaque année des déclarations de soupçon – concernant des clients – de la part de plusieurs professionnels dont des banques évidemment. Le rapport 2016 de Tracfin révèle que le nombre de suspicions d’actes frauduleux a littéralement explosé. Ainsi sur l’année, les banques ont déclaré 46 901 comportements jugés suspicieux, soit une hausse de 80 % par rapport à 2015. Véritable montée en puissance de la fraude fiscale ou simple excès de zèle des banques ? Réponses.
Les établissements de crédit – c’est-à-dire les banques – mais aussi les établissements de paiements (auteurs de 5 110 déclarations de soupçon en 2016), les établissements de monnaie électronique (36 déclarations en 2016), les assureurs ainsi que d’autres professions non financières (notaires, huissiers, experts-comptables…) ont des obligations vis-à-vis du service de Tracfin.
Elles doivent notamment lui déclarer « les sommes inscrites dans leurs livres ou les opérations portant sur des sommes dont elles savent, soupçonnent ou ont de bonnes raisons de soupçonner qu’elles proviennent d’une infraction possible d’une peine privative de liberté supérieure à un an ou participant au financement du terrorisme ».
Or dans les faits – nous dit le rapport de Tracfin – les principales déclarations des banques ont porté en 2016 sur :
Soit des opérations à l’enjeu financier très faible – poursuit l’organisme – quand celui-ci vise davantage des opérations concernant des réseaux d’escroqueries, la criminalité organisée ou la corruption… encore « peu détectées – faute d’un réel travail d’analyse de la part des banques ».
Les 46 901 déclarations de soupçon émises par les banques l’année dernière sont essentiellement le fait des 7 grands groupes bancaires BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE (Banque Populaire & Caisse d’Epargne), Crédit Mutuel-CIC, La Banque Postale et HSBC, ainsi que des banques en ligne (Boursorama Banque, ING Direct, Fortuneo, BforBank, Hello bank et Monabanq (421 signalements en 2016).
Sur l’année 2016, Tracfin note une forte progression du nombre de déclarations portant sur des montants plus faibles. Conséquence : à peine plus d’une déclaration sur 10 a fait l’objet d’une investigation par l’organisme.
Et pour cause, la qualité des déclarations de soupçon s’est considérablement appauvrie. Ainsi, les banques ont souvent déclaré une succession d’opérations « simplement inhabituelles, lesquelles ne justifient pas nécessairement de l’envoi d’une déclaration ».
Et pourtant, l’article D561-32-1 du code monétaire et financier liste plusieurs critères de la fraude fiscale, dont notamment :
Bref autant de comportements « bizarres » qui peuvent – légitimement – éveiller les soupçons de votre banque… Pour autant, les opérations visées à l’article D561-32-1 du code monétaire et financier ne correspondent pas à celles signalées par les banques…
Depuis le 1er janvier 2016, les communications systématiques d’informations (COSI) entre les banques et le service de Tracfin concernent également les versements et les retraits d’espèces, effectués sur un compte de dépôt ou de paiement, dont les montants cumulés sur un mois calendaire dépassent 10 000 €.
En clair, si vous comptez déposer ou retirer plus de 10 000 € sur votre compte dans le mois, vous avez intérêt à prévenir votre banquier et à lui fournir des justificatifs pertinents. Dans le cas contraire, vous n’échapperez pas à Tracfin…